mardi 29 décembre 2015

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 10 : vitesse de croisière

Phase faste : le roman a pris sa vitesse de croisière, il suit sa route, les mots s'enchainent, je me laisse guider par ce flux mystérieux qui génère l'histoire, qui étaye les personnages, en fait surgir d'autres au détour d'un chapitre... C'est le moment béni où il semble s'écrire tout seul, j'ai juste à poser les doigts sur le clavier et à relire puis corriger, trouver un mot plus juste, une phrase plus dépouillée ou au contraire plus foisonnante.

Ce qui ne veut pas dire que la traversée va être sans surprises : écueils, tempêtes, calme plat, orages, changements de cap, je sais bien que peu de choses me seront épargnées. Mais pour l'heure je profite du vent qui gonfle les voiles, et j'écris, j'essaie de me laisser porter, de ne pas me poser de questions. Parfois ça gite un peu, mais ça fait partie du plaisir, sinon, autant rester à quai.



Le chapitre 3 vient de commencer, Rafaël prend de la consistance, mais il y a encore plein d'incertitudes, on ne peut pas vraiment cerner son personnage, qui, même de moins en moins flou, se perd en contradictions : je l'apprivoise petit à petit, je le fais se confronter à d'autres, certains que je n'avais pas prévus. La langue a trouvé son identité, mais je ne saurais pas la définir, j'espère qu'elle est harmonieuse.

Je ne sais toujours pas si je veux transmettre un message, mais je suis sûre que je veux donner des émotions, toucher, faire vibrer les mots comme on fait glisser un archet sur les cordes d'un violon, éveiller des visions comme on jette des couleurs sur une toile, et continuer le voyage, se laisser voguer, au gré des lettres qui s'assemblent. Je me souhaite donc bon vent !

mardi 22 décembre 2015

Le doute...

Il y a toujours un moment, au milieu d'un roman qu'on écrit, ou avant de le commencer, ou après l'avoir fini, ou même quand on se demande si on réécrira un jour, où le doute creuse ses insidieuses galeries dans nos cerveaux en surchauffe... En ce qui me concerne, le doute se manifeste souvent quand je lis, en général un auteur que je trouve particulièrement génial, ou un livre que je découvre et qui me happe...Et là, les questions : mais est-ce que j'arriverai un jour à ce niveau-là ? est-ce que je suis capable de faire vibrer un lecteur, ne serait-ce qu'un seul, autant que ces lignes viennent de me faire vibrer moi ? est-ce que ça vaut le coup de continuer alors qu'il y a déjà tant d'excellents livres ? qu'est-ce que ma voix va apporter de plus ?



Et là, en général, on a envie de tout laisser tomber. En tout cas, moi, j'en ai envie. L'histoire que je raconte me parait fade, insipide. Mes mots, sans panache. Mon style, inexistant. Je me dis que ce n'est pas par hasard si aucun éditeur de grande envergure ne m'a publiée, je ne le mérite évidemment pas. Je ne serai jamais à la hauteur de X, Y ou Z, qui sont des génies ou à tout le moins de vrais écrivains. M'acharner est d'une naïveté crasse et d'une inutilité pitoyable. Ecrire pour moi, d'accord, mais quelle prétention ridicule de me mesurer à ces modèles !

Et puis je reprends un autre bouquin, qui me plait, qui est édité par une maison connue, et je le trouve bien mais il n'est pas non plus extraordinaire : pas vraiment meilleur que ce que je peux écrire... Et pourtant il a fait tant de ventes, et on en parle partout... Alors ? Alors finalement ça vaut peut-être le coup de persévérer, de continuer mon récit, de m'appliquer, de foncer, d'y croire, même si seulement 10 personnes me disent : j'ai adoré ton livre ! D'accord, je ne suis pas Anaïs Nin ni Jane Austen ni Margaret Atwood ni Virginia Woolf ni ni ni... mais bon, je m'y remets, c'est ça ma vie, mon kif, j'aime ça, je le fais bien, du mieux que je peux. Je ne doute plus.``

Jusqu'à la prochaine fois.

jeudi 17 décembre 2015

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 9 : un plan se dessine...

Et oui, finalement, un plan se dessine. A force de marcher au hasard, le chemin se crée de lui-même, et j'aperçois au loin les prochaines étapes : elles sont un peu floues, mais leurs silhouettes sont bien visibles, et elles balisent plus ou moins l'itinéraire à venir. En fait, une certaine logique s'est dégagée des deux premiers chapitres, et comme, pour une fois, le récit se fait de façon chronologique, sans sauts dans le temps ni flash-back, les moments forts ressortent tout seuls.

J'ai donc noté ces pistes de travail. Ce qui ne veut pas dire que le roman se déroulera selon ce schéma prévu : en fait, je sais que ces points vont juste me servir à ne pas me perdre...ou, mieux encore, à m'aider à me perdre sans peur. Ils seront mes phares : même si je m'éloigne, même si je pars vers d'autres rivages impossibles à imaginer pour le moment, ces petits points lumineux me guideront et me ramèneront (ou pas, si je n'en ai pas envie) vers la terre ferme, le projet initial.



En fait, le plan peut avoir un aspect très rassurant si on le considère avec assez de souplesse, s'il n'est qu'un filet à utiliser en cas de chute. Mais si j'oublie trop vite que ce n'est que ça, juste un garde-fou, un parachute, il me contraint, il me fait peur : je relis mes notes et je me dis "oh mais non, je n'y arriverai jamais, c'est énorme tout ce qu'il me reste à écrire !". Je vais donc le laisser là, en bas de page, écrit en tout petit, et surtout ne pas me l'imposer comme une marche à suivre.

Le roman finalement ne ressemblera peut-être jamais à ce squelette bien charpenté, que je suis censée remplir avec de la chair et du sang, des viscères et des liquides. Il sera peut-être juste un fantôme, une idée, une ombre magique, un pur esprit. Une enfilade de mots qui palpitent et s'envolent. Une simple histoire. 

mercredi 16 décembre 2015

Arrêter d'écrire pour pouvoir....écrire !

Alors aujourd'hui juste une petite mise au point : je me suis tellement prise au jeu de ce blog, et en particulier du "journal d'une grossesse littéraire" que je passe plus de temps là-dessus que sur mon roman !

Donc je vais mettre en place une nouvelle règle du jeu : pas de billet plus de deux fois par semaine. Je vais fixer le lundi et le jeudi pour commencer, et je vais essayer d'alterner un épisode du journal et un sujet plus général.

Voilà, vous savez tout, ça commence à partir de dorénavant inclus !

A demain donc.


lundi 14 décembre 2015

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 8 : elle s'appelle Salomé !

Bon, n'insistez pas, vous ne saurez rien d'autre. Comme prévu, en laissant reposer, après une nuit de sommeil, une journée de boulot sur tout autre chose que le roman, et bien le fameux personnage qui m'échappait a fini par prendre consistance tout seul. Je ne la vois pas encore physiquement, ça ne saurait tarder, mais elle a une voix, en plus d'un prénom (c'est d'ailleurs ce qu'elle a eu en premier) et elle agit, son caractère se dessine.

Salomé était encore très floue ce matin, mais une petite balade dans la forêt avec les chiens m'a permis de savoir où elle allait entrer en scène pour la première fois (mais non je ne vous le dirai pas). La première rencontre, c'est vachement important. Et du coup, une fois que j'ai su ça, il a fallu que je soigne particulièrement le contexte, et que ça sonne vrai : donc, du coup, recherche d'informations sur le Net, tri dans tout ce que j'avais trouvé, et choix d'un environnement qui me semblait convenir. Salomé arrive donc, elle est là, et elle parle...et elle ne dit pas n'importe quoi !



Elle a d'autant plus d'importance qu'elle interagit avec Rafaël, et que leur relation va être forcément importante pour le roman : là non plus, je ne sais pas encore comment, mais je sais qu'elle est une étape dans le chemin de sa vie. Tout ce qui va se passer entre eux va donc avoir un sens, et il va me falloir progresser subtilement sans plomber ni déflorer la suite du récit (que je ne connais pas !).

Voici donc une nouvelle étape : mais si à chacune d'entre elles je jubile de voir les pages s'ajouter et l'histoire s'enrichir, l'ambiance générale chez moi est plutôt incertitude et malaise : d'abord je ne suis jamais certaine que ce que j'ai écrit va rester tel quel, qu'il ne va pas falloir à un moment donné tout reprendre, tout corriger, tout modifier, et ensuite j'avance toujours à l'aveuglette, tâtant avec circonspection les murs de chaque côté, ignorant la nature du chemin.

Alors bienvenue Salomé, mais finalement tu ne m'aides pas beaucoup !


samedi 12 décembre 2015

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 7 : d'où viennent les personnages ?

On sait vite, après la création du héros ou de l'héroïne, que l'histoire ne va pas se limiter à son seul personnage. Si on a déjà en tête un plan du récit, il y a de grandes chances que les autres acteurs de ce récit soient déjà esquissés, qu'ils forment une sorte de peuple de fantômes qui vont peu à peu prendre de l'épaisseur et s'incarner avec des mots, des actions, des sentiments.

Mais dans le cas contraire - c'est-à-dire le mien - , quand on navigue à vue, d'où viennent les autres personnages ? Où va-t-on les chercher ? Comment s'introduisent-ils soudainement dans le fil du roman ? Est-ce qu'ils se présentent un par un pour une espèce de casting mental : toi oui, pas mal ; toi, non ; toi, faut voir ? Ou bien est-ce que c'est l'écrivain qui, pour les besoins de son récit, les invente de toutes pièces et décident que c'est à ce moment-là et pas à un autre qu'on va faire entrer sur scène Machine et lui faire dire "coucou c'est moi", et qu'elle sera brune avec des yeux verts, capricieuse, intelligente et un peu avare ?



En toute honnêteté, je ne sais pas vraiment vous répondre... En plus de mon Rafaël, il y a déjà 3 autres personnages qui sont arrivés dans le roman, et pour les deux premiers, je ne me suis posé (consciemment) aucune question : ils ont débarqué, c'était une nécessité, le flux les a portés jusqu'à moi. Si je me demande pourquoi maintenant, je m'aperçois qu'ils ont des existences un peu parallèles à des gens de ma vraie vie, et en même temps quasiment aucun point commun avec ces gens-là. Disons juste un rôle vaguement similaire, et encore.

Et puis aujourd'hui (enfin hier soir tard plus exactement) voilà le troisième, LA troisième en fait. Et elle, elle me pose problème : elle résiste, elle m'échappe, elle me glisse entre les doigts. Pourtant, je sens bien qu'elle est importante, mais je ne parviens pas à la saisir tout à fait. Je lui ai donc d'abord donné un prénom (ça m'a aidé un peu) et puis un caractère, des traits psychologiques, et maintenant... j'attends. Il faut que la sauce prenne. Que la première scène ait lieu. Qu'elle parle. Qu'elle existe. Qu'elle soit prête. Et moi aussi. On verra demain !

jeudi 10 décembre 2015

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 6 : l'angoisse du second chapitre.

Voilà. Le premier chapitre est écrit. L'histoire est commencée, elle n'a pas encore pris son rythme mais on peut dire que le roman avance doucement. On est sûr qu'il est bien là, on l'a vu à l'échographie !... Mais vous savez tous que le début d'une grossesse est toujours plein d'interrogations : et si l'enfant ne s'accrochait pas, si on faisait une fausse-couche, s'il était mal formé, pas viable ? Passer au deuxième chapitre (au deuxième mois, pour filer la métaphore), d'accord, mais l'angoisse est toujours là, bien présente.

D'ailleurs, à l'orée de ce second chapitre, je me retrouve un peu comme au début du roman, avec un remake de trouille de la page blanche. La preuve,  je n'ai écrit qu'une phrase aujourd'hui, et ça m'étonnerait que j'en fasse plus. Ce chapitre 2 est laborieux : il commence bien, il lance une piste intéressante, mais justement, je me demande si je serai à la hauteur de ce que je vise avec ces premiers paragraphes prometteurs.



C'est comme si j'avançais à tâtons, sans savoir où je vais, et maintenant je ne peux plus reculer. Je ne veux plus reculer. Mais devant moi c'est l'inconnu. J'ignore ce qui va jaillir de sous les touches du clavier, bien que ce soit moi qui y pose mes doigts. Quelquefois, les mots s'enfilent comme des perles, l'un entrainant le suivant, et d'autres fois, comme ce soir, tout est laborieux, tout est compliqué, rien n'est évident.

Je pense à une jolie histoire entendue je ne sais plus où : un enfant observe un sculpteur qui façonne peu à peu une  statue  à coups de burin dans la pierre, et quand, au bout d'un très long temps, l'oeuvre est terminée, l'enfant demande à l'artiste "comment savais-tu qu'un cheval se cachait dans ce morceau de pierre ?".

Certains jours, je suis à la fois le sculpteur, l'enfant et le cheval...


mardi 8 décembre 2015

Journal d'une grossesse littéraire. Chapitre 5 : que met-on de soi dans un roman ?

Il arrive toujours un moment dans un roman où vient sous la plume quelque chose qui ressemble à soi, à un morceau de sa vie, à une émotion réellement ressentie, à des évènements vécus. Enfin, je dis "toujours", mais évidemment je parle pour moi, je ne peux pas savoir pour les autres, je suis même certaine que pour quelques-uns les deux mondes sont complètement étanches : un univers romanesque d'un côté, et en face la vraie vie, avec rien qui ne fusionne jamais.

Bon, moi je ne peux pas. Je ne sais pas si c'est un bien ou un mal, je sais simplement que peu à peu, au fil de mes romans, je réussis aujourd'hui à me détacher de la réalité pour me plonger de plus en plus dans la fiction, et que c'est un vrai plaisir. Comme si le temps de l'introspection était terminé (presque) et que des voyages bien plus lointains s'ouvraient sous mes pas, sous mes ailes, me donnant une plus grande liberté, me permettant une véritable évasion, et une respiration bien plus profonde et plus ample.

Et pourtant. Même si les personnages de mes romans me ressemblent de moins en moins, même si je parviens maintenant à choisir, comme héros ou personnage principal, un homme, avec une personnalité à cent lieues de ce que je suis ou une vie sans aucun rapport avec ce que j'ai connu en vrai, je me surprends, au détour d'une phrase ou pour amorcer un chapitre, à puiser dans mon environnement ou dans mon passé un détail : un prénom, une préférence, une anecdote, le titre d'une chanson, un regret, un chiffre évocateur, la marque d'une voiture...

Cela peut être quelque chose de dérisoire, et pourtant ça a son importance. Un peu comme si ça ancrait (encrait ?) le récit dans une matière plus solide, ou que ça lui mettait un fil qui l'empêchait de partir dans la stratosphère, comme si je semais des indices pour que l'on sache (qui "on" ?) que je suis bien là entre ces lignes.

  Comme si un peu de mon âme passait malgré moi dans la chair de mes histoires. 

lundi 7 décembre 2015

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 4. Garder le fil ou se disperser ?

Comme je me l'étais promis, j'écris tous les jours. Une phrase au minimum, mais la plupart du temps un paragraphe, et parfois une page.

Et comme prévu, j'avance sans plan : je sais juste comment ça va finir, à peu près, et je dois entre temps emprunter les chemins possibles pour me mener à cette fin inéluctable. C'est un peu comme si vous aviez un point de départ, mettons...Paris, et que vous deviez vous rendre à...Katmandou, sans prendre évidemment les routes les plus courtes, mais celles qui vous semblent les plus intéressantes, les plus jolies, les plus enrichissantes, les plus insolites. Vous allez très vite vous apercevoir que, à chaque bifurcation, plusieurs choix se présentent : le sentier qui monte, là, sauvage, escarpé, avec les montagnes au loin, ou la route plus facile, avec ses virages et ses bords ombragés ? Ah, les deux sont tentants, mais le premier va sans doute réserver des surprises, alors...je garde le fil ou je me disperse ?

J'ai pris le sentier, du coup j'ai découvert un gué au-dessus d'une rivière, et puis une grotte avec des salles sombres qui ont éveillé ma curiosité. Le problème, c'est que je ne sais pas du tout où je vais par là. Mais on ne revient pas en arrière, impossible. L'histoire s'est construite peu à peu sur ces voies parallèles, je retrouverai plus tard la route principale.

Plus loin, le problème se représentera à nouveau : dans un roman, la ligne droite n'est pas souvent le trajet que je préfère. Et ça finit d'ailleurs par ressembler bien plus à une toile d'araignée qu'à une carte routière, et même à une sorte de labyrinthe où même les parois étanches finissent par s'entrouvrir sur des issues secrètes. D'ailleurs, je ne suis pas vraiment sûre de choisir moi-même les trajectoires empruntées : très souvent, mes doigts pianotent sur le clavier sans que je les commande vraiment, comme s'ils étaient directement reliés à mon cerveau, à sa partie créative, et que j'ai très peu d'influence sur leur direction.

 Finalement, la première personne à qui je raconte mes histoires, c'est moi !

vendredi 4 décembre 2015

Journal d'une grossesse littéraire : chapitre 3. Trouver le titre !

Comment trouver le titre de son roman ?

Bon, il y a des jours comme ça où ça ne vient pas : on n'a pas le temps d'écrire, on n'a pas l'inspiration, on a devant soi une porte fermée, rien ne se débloque. Inutile d'insister. Alors du coup on se dit : tiens, si je cherchais le titre de mon bouquin ? Au moins je ne me serai pas mise pour rien devant mon ordi.

Parce que oui, au fait, comment on fait pour trouver le titre de son roman ?

  • est-ce qu'on l'a dans la tête dès le début ? ça peut arriver, quelquefois c'est le titre qui arrive en premier et même c'est lui qui va générer l'histoire. Mais c'est rare (pour moi en tout cas !)
  • est-ce qu'on tire au sort parmi plein de petits papiers qu'on a mis dans un chapeau ? ça peut être une solution... si on a plein d'idées et qu'elles sont toutes bonnes ! Et ça, ça ne m'est JAMAIS arrivé !
  • est-ce qu'il y a des trucs pour mettre rapidement le doigt sur un titre adéquat, qui interpelle le lecteur et qui soit un bon reflet du contenu ? le titre idéal quoi ! personnellement, je ne connais pas le truc en question. Certains disent que pour que ça marche et que ce soit plus facile, il vaut mieux attendre d'avoir fini le roman avant de lui chercher un titre. Ce qui semble logique et rationnel. Sauf que la création c'est rarement logique et rationnel. Et pour illustrer ce propos, je vais vous raconter une histoire que j'aime bien raconter, d'abord parce qu'elle est vraie, et ensuite parce qu'elle est loufoque et irrationnelle...

Alors voilà : pour mon dernier livre publié, "La nuit des éventails", j'ai commencé à me creuser la tête pour un titre vers le milieu du livre à peu près. Des centaines d'idées défilaient dans ma tête, surtout le soir avant de m'endormir. Rien ne me plaisait vraiment, rien ne s'imposait. Et ça a duré un certain temps, ça devenait compulsif. Une nuit, je me réveille vaguement avec des mots en tête, et je les gribouille sur un carnet à côté de moi, puis me rendors aussitôt. Evidemment, le matin, je relis mes notes, car je ne me souvenais pas de ce que j'avais écrit, et je vois "la nuit des éventails". Vachement joli, je trouve...mais aucun rapport, AUCUN, avec mon histoire. Pourtant, je tenais mon titre, je le savais, même si j'ignorais qui me l'avait soufflé. Donc, qu'ai-je fait ? Et bien je me suis creusé la tête cette fois pour faire coller mon histoire avec ce titre, ce qui m'a obligée à créer d'autres situations, à perfectionner les personnages, à enrichir le roman, tout simplement ! 

jeudi 3 décembre 2015

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 2 : comment choisir le nom du héros ?

Choisir le nom du héros : bon, ça peut paraitre un peu futile, me direz-vous. Mais ça ne l'est pas. On va quand même vivre avec lui pendant 200 ou 300 pages, ce qui représente des mois, et des centaines de fois où on va taper les lettres du nom ou du prénom du personnage principal, et ça nécessite quand même un minimum d'empathie avec le vocable en question. Sauf si on a décidé de détester ce héros. Ce qui n'est pas mon cas.



Je sais de source sûre que certains auteurs choisissent ce nom ou prénom en ouvrant au hasard l'annuaire téléphonique papier. D'accord, ça peut aider, quand on a aucune idée. D'autres fois, et ça m'est arrivé, le prénom s'impose tout seul, et là je n'ai aucune explication. Parfois aussi, on le sélectionne pour sa proximité phonétique avec son propre prénom, tant on se projette dans le personnage. Ou alors on procède un peu comme quand on cherche le prénom de son futur enfant : on fait des listes, on barre, on entoure, et à force d'éliminations on trouve.

Moi, j'ai trouvé le prénom de mon héros hier, juste après avoir fini d'écrire le prologue : je m'attaquai au premier chapitre et là, il me fallait savoir absolument comment il s'appelle. Rien ne vient. J'essaie deux ou trois classiques : Pierre, Paul... Bof ! Je ne le sens pas. J'ouvre une page Google : prénoms masculins français (oui, vu le contexte du roman, ça s'impose, ce n'est pas un héros du 21ème siècle, alors il faut quelque chose de peu exotique, mais d'assez intemporel tout de même). Et là, paf, en quelques secondes, je me décide ! Je vous le dis ? Ok ! Rafaël. Avec un F et pas PH. Je n'ai aucune explication rationnelle, c'est Rafaël, c'est tout. Et le F pour marquer le décalage avec le convenu. Parce que ça correspond bien au personnage, et encore plus à l'histoire. Vous n'en saurez pas plus.

Un seul problème : je me suis dit que j'allais galérer pendant 200 pages avec ce putain de tréma : mais bon, qu'est-ce que je ne ferai pas pour un personnage aussi passionnant que Rafaël !

PS : je m'aperçois que j'adore tenir ce journal et écrire sur comment j'écris ! Merci à vous de me lire !

mercredi 2 décembre 2015

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 1.

Je ne vous tiendrai pas informés au jour près de l'avancement de ma "grossesse littéraire", mais ça m'intéresse de voir comment avance ce nouveau roman en prenant un peu de recul au fur et à mesure sur sa construction. Donc voilà où j'en suis aujourd'hui.

La première phrase annoncée a amorcé toute seule la suite : je ne savais pas du tout où j'allais, mais les mots se sont enchainés presque seuls et du coup une esquisse se dessine doucement, au travers d'un prologue quasiment écrit d'une traite. Ce prologue est écrit à la première personne et au masculin. Oui, c'est une impulsion qui me permettra de ne pas trop me projeter dans le personnage principal, et du coup d'être vraiment dans la fiction, ce que j'ai décidé résolument pour mes écrits à venir, et qui était déjà le cas au moins pour le dernier.



Autre indication : je m'aperçois que je ne peux absolument pas établir de plan, envisager une suite de scènes ou même le canevas d'un récit si je ne suis pas en situation. Comme si le fait d'avoir une feuille et un stylo, ou bien un clavier d'ordi devant moi, était une condition sine qua non pour que les idées jaillissent. Et encore : je pense que c'est en écrivant, en pianotant, que les mots s'enchainent. Ils se génèrent eux-mêmes. Je sais, ça parait fou, mais le pouvoir de décision semble très peu m'appartenir. Je ne dirais pas que je suis un simple instrument, personne ne me dicte ce que j'écris, mais ça s'auto-nourrit, et j'ai juste à choisir telle direction plutôt que telle autre.

Maintenant, je vais laisser ce prologue reposer, comme de la pâte à crêpes, et je m'y remettrai quand je le sentirai, en me donnant comme seule contrainte ce que j'avais déjà testé avec succès pour "La nuit des éventails" : écrire tous les jours, ne serait-ce qu'une phrase.

A bientôt pour la suite du "journal d'une grossesse littéraire" !

lundi 30 novembre 2015

Nouveau roman en gestation

Voilà, c'est reparti ! Enfin je crois... Je tiens le début de la naissance de l'embryon d'une idée pour un nouveau roman. Ces derniers mois, je me suis beaucoup occupée de mes deux derniers : celui qui est sorti en juillet et dont il faut faire un minimum la promo, dédicace, salon, marché de Noël, vente sur facebook, etc., et celui en attente d'éditeur qui est maintenant dans la pile d'un comité de lecture d'une maison bien connue (je croise tous les doigts !)...et donc il n'y avait aucune partie de mon cerveau disponible pour donner vie à d'autres idées. Je n'étais pas prête.

Et puis, depuis une ou deux ou trois semaines, je sens que je vais m'y remettre, qu'il le faut, que ça me démange, que quelque chose pousse dans le noir, mais j'ai beau fouiller, rien ne sort encore, tout est souterrain, enfoui, obscur, je ne parviens pas à saisir le moindre filament de cette histoire qui se cache dans l'imbroglio de mes neurones.



Jusqu'à ce soir. Une discussion au téléphone avec mon fils. Un simple dialogue où l'on échange nos impressions et nos quotidiens, où on plaisante, où on se laisse aller à dire tout et n'importe quoi, et d'un seul coup, le sujet est là. Et un ou deux personnages. Et la fin. Et lorsque je m'assois devant mon ordi, je trouve la première phrase, le fameux incipit qui donne l'élan au récit (ou pas : pour John Irving, c'est la dernière chose qu'il écrit !).

Alors yapluka. Se laisser porter par ces premières vagues, les laisser devenir des déferlantes, inventer la vie des héros, construire pierre à pierre, mot à mot, le chemin qui va les mener vers le dénouement vaguement entrevu, se mettre devant le clavier, rêver, chercher, écrire, raconter, créer, voguer, écouter le souffle de cette vie ténue. Bref : accompagner ce nouveau roman en gestation. Je vais m'y mettre, je m'y mets, j'y suis !

mardi 24 novembre 2015

HAIKUS

Parce qu'il y a des jours où seuls quelques mots sont capables de dire beaucoup, voici deux ou trois haïkus que j'ai écrits...



Ma vie se déroule
Je tiens le bout de son fil
Comme un cerf-volant




Le moelleux du lit
Vent qui geint dans les volets
Encore un automne



Larmes et feuilles mortes
Tous les passants les piétinent
Mort ou renaissance ?

dimanche 22 novembre 2015

En attente de publication...

Voilà la période que je déteste le plus : quand le manuscrit a été imprimé et envoyé à un ou plusieurs éditeurs, et que la longue attente commence !

C'est ce qui est en train de m'arriver : mon "petit dernier" est parti par la poste chez un éditeur connu (sur les conseils d'une professionnelle qui l'a lu et apprécié) et voilà, il n'y a plus qu'à ATTENDRE. Se demander si on a bien fait, bien ciblé la maison d'édition, rédigé assez finement la lettre d'accompagnement, pas visé trop haut, etc... Et ne rien savoir pendant des mois. 

Et puis, ce roman, je l'ai déjà envoyé à dix éditeurs, et je n'ai eu que des refus...ou des silences. Alors je finis par ne plus y croire. Sauf que. Si je n'y croyais plus j'aurais cessé de l'envoyer. Tout ça tourne dans ma tête, et y tournera pendant des semaines. Ainsi que des phrases entendues ça et là, prononcées par d'autres auteurs, comme celle-ci : "On reçoit 10, 20, 30 lettres de refus, et puis un jour, un coup de fil : votre bouquin m'intéresse !". Donc il faut croire que les bonnes nouvelles arrivent plutôt par téléphone. Zut ! Est-ce que j'ai bien mis mon numéro ? Le bon numéro ? Encore des questions sans réponses...

Alors en attendant (grrr....comme je déteste ce mot !), le mieux serait d'écrire, de commencer autre chose. Evidemment, j'y pense. Mais ce n'est pas si simple : le texte précédent ne m'a pas vraiment lâchée, il ne vole pas encore de ses propres ailes puisque personne n'a pris le relais...Il va falloir encore un peu de temps avant qu'une idée germe au fond de mon cerveau, que les personnages avec qui j'ai vécu pendant des mois laissent la place à d'autres, que l'urgence de recommencer une histoire me saisisse et me jette devant mon ordinateur pour tracer les premiers mots d'un nouveau roman.

Il va juste falloir ATTENDRE.


jeudi 19 novembre 2015

Pourquoi j'anime des ateliers d'écriture...

Si vous m'aviez posé la question hier, j'aurais trouvé des tas de réponses, mais elles auraient sûrement été différentes de celle que je vais vous faire aujourd'hui. Animer un atelier d'écriture avec des adultes, c'est ce que je fais une fois par mois. C'était la troisième séance aujourd'hui. Les objectifs sont purement ludiques, sans prétention, je n'ai pas le talent pour former des écrivains, juste la passion pour l'écriture et l'envie de la faire partager. A chaque séance, je propose des prétextes pour produire des textes, des déclencheurs divers et variés, des contraintes censées faciliter la création. Certains fonctionnent très bien, d'autres moins, mais les participants sont en général très réactifs et intéressés, ils jouent le jeu, et je suis souvent heureusement surprise de la qualité des textes écrits.

Aujourd'hui, l'ambiance était particulière, et les résultats plus riches et plus intenses que d'habitude. Pourtant, il y avait trois nouvelles personnes, qui n'avaient jamais pratiqué ce genre d'expérience, et plusieurs absents, dont des "meneurs"... Et pourtant... On a démarré doucement, avec un travail à partir d'un incipit plutôt tristounet, qui a provoqué des écrits inattendus, et plutôt joyeux, comme si tout le monde voulait aller contre la tristesse ambiante. Pour essayer de répondre à cette demande de légèreté, j'ai lancé une tournée de "cadavres exquis", qui ont obtenu l'effet escompté : des rires devant les récits absurdes, des jeux de mots et des plaisanteries, une complicité qui s'installe peu à peu.

Et puis j'ai lu quelques haïkus : quelques-uns découvraient cette forme de poésie, cet éclat de vie ramassé en trois vers, la fulgurance d'une image. La consigne suivante fut, bien évidemment, d'écrire un haïku (5-7-5) en y mettant obligatoirement le mot "larme". La concentration est revenue, chacun a semblé chercher au fond de lui-même l'émotion et les mots pour la retranscrire, et les stylos ont couru sur les feuilles. A la lecture, tous se montraient attentifs et à l'écoute, et tous avaient réussi à exprimer en 3 vers un concentré de ressentis, un éclair de poésie, un morceau de lumière. Tous, avec le mot "larme" qui brillait au milieu, larmes parfois étincelantes et parfois glauques, larme solitaire ou partagée, mais toujours dites avec justesse.

J'anime des ateliers d'écriture pour de temps en temps mettre en oeuvre cette magie-là.