jeudi 6 octobre 2016

"Nos vies comme des brindilles" sur Librinova : pourquoi ?

Bon, je m'étais dit, l'auto-publication, plus jamais. Je ne sais pas me vendre, et je n'aime pas ça : donc tous ces sites ne sont pas pour moi ! Et puis...et puis... Je suis tombée sur le site Librinova qui organise un concours de roman, le concours des Etoiles Librinova. Avec à la clé la possibilité d'être éditée chez un VRAI éditeur, avec une vraie promotion, etc... Tentant. Du coup, j'ai sauté le pas : en plus, techniquement, c'était simple : j'ai même réussi, avec l'aide de mon amie Fabienne, à mettre au point la couverture, à insérer du texte sur une photo d'une peinture que j'adore et qui est une oeuvre originale d'une autre amie, Julia.

Du coup, se lancer était facile. J'ai bossé dessus toute la journée d'hier, et aujourd'hui le livre est en ligne sous forme d'e-book : j'ai fixé le prix à 4,99 €. Pas cher, mais pas non plus bradé, parce que je crois en ce que je fais. Et j'ai même commandé des exemplaires papier pour les irréductibles (que je comprends tout à fait).



Donc voilà. Je ne sais pas si je serai retenue pour le concours, je ne suis pas sûre que mon histoire est très populaire, elle est un peu grave et triste, mais je crois que les gens sont plus ouverts qu'on ne le croit et qu'ils peuvent s'intéresser à des textes divers, un peu décalés, un peu hors cadre : j'espère que vous allez me le prouver !

Si vous l'achetez, merci de mettre vos commentaires, de le noter sur le site. Si vous le voulez en exemplaire papier, dites-le moi aussi. Je fais la fière, mais j'ai quand même le coeur qui bat fort ce soir : et si on ne l'aimait pas, mon nouveau bébé ? Vous en avez suivi ici la grossesse littéraire : aidez-moi à le faire grandir, évoluer, et devenir un vrai livre que les gens lisent et aiment...ou pas ! 

mardi 6 septembre 2016

Un extrait de "Nos vies comme des brindilles"

"Les naissances, comme les morts, ont ceci de spécial qu’elles nous mettent en face de notre finitude : remontent alors à la surface, comme de bulles qui crèvent aussitôt apparues, mais qu’on ne peut pourtant ignorer, des interrogations et des incertitudes, des grands pans de tissus noirs derrière lesquels sont cachés des mondes inconnus, des hypothèses et des points de suspension, des mystères originels et des gouffres infinis… Reviennent des lectures et des théories, des phrases et des assertions angoissantes (« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraient »), des frayeurs enfantines qui laissent désemparé et nu, une solitude puissante et tenace qui efface soudain tous les liens et nous jette dans les tourbillons extravagants d’un univers dévasté où ne brille aucune lumière, ne subsiste aucun amour et qui ne va dans aucune direction.


Et puis, sans crier gare, un élan emporte à nouveau l’individu que nous sommes, fleur de pissenlits soufflée aux quatre vents, par quel miracle ? Une hirondelle qui fend le ciel pur en un trait parfait de calligraphe. L’odeur d’un jasmin porté par la brise du soir. La tête touffue d’un chien fidèle qui se cale sous la main. Un reflet de soleil dans une flaque d’eau."

mercredi 13 juillet 2016

Baby blues post-partum : en littérature aussi ?

Voici le moment où l'on se retrouve vide. Le mot FIN est écrit, les corrections sont faites, les manuscrits se sont envolés dans deux ou trois directions et l'attente commence.
De l'attente j'ai déjà parlé, elle est pesante et inconfortable, mais il s'y ajoute le sentiment éprouvant du vide abyssal après la pléthore de mots et de phrases, après le ballet des personnages, après les enfilades de dialogues, après cette construction pierre à pierre d'un édifice fragile et pourtant si précieux.

Une sorte de baby blues : du désarroi, de l'impuissance, chute d'hormones après l'excitation, dégringolade. On ne sait plus quoi faire de soi. On pense qu'on ne pourra plus jamais écrire. Plus de sujet. Plus d'envie. Et puis c'est tellement vain. Tellement difficile pour un résultat si incertain. Autant s'occuper d'élever, non, de promouvoir ce livre-là. Mais il n'est pas encore temps : il n'est même pas encore publié ! Il ne le sera peut-être jamais...



Donc du vide. Et le cerveau au ralenti. Le monde de l'écriture pour un temps (du moins on l'espère !) ne nous est plus accessible. Comment a-t-on fait pour aligner ces milliers de mots ? Où vont ces mondes inventés lorsque leur créateur les quitte ? Est-ce que les personnages survivent dans des limbes éloignées ? Par quel moyen retrouver les galaxies où je marchais encore il y a quelques semaines comme dans un endroit familier ? J'ai perdu tous mes pouvoirs.

Je sais que le mieux est de m'abandonner à cet état étrange, qui consiste à rester dans le réel 24 h sur 24... Bien que, sans le savoir, je suis sans doute en train d'emmagasiner des détails pour un prochain roman... Mais il me faut laisser aller, ne pas y penser, goûter le vide en tant que tel, comme une sorte de coma obligé, une mise au repos forcée, une plongée entre deux eaux bien profondes. Laisser de côté ma baguette magique.

Pour un temps stérile. Endormie. Silencieuse. Jusqu'à quand ???



samedi 18 juin 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 20 : l'expulsion !

Lu, relu, re-relu. Corrigé. Passages ajoutés. Un chapitre en plus. Des modifications apportées ça et là. Une impression désagréable, un manque de confiance, des doutes. Des passages dont je suis très satisfaite. D'autres qui m'emballent moins. Mais la certitude que c'est fini, il n'y a rien à ajouter, l'imperfection est évidente mais j'ai écrit ce que je devais, ce que je sentais, ce qui était en moi. Y aura-t-il une résonance chez d'autres ? C'est la grande question, celle qui fait peur, celle qui bloque et qui emporte en même temps...

Et du coup, que faire ? Laisser reposer encore, y revenir, corriger à nouveau, plus tard, quand tout sera calmé ? Au risque de perdre de plus en plus confiance... Je sais que certains auteurs fonctionnent de cette façon, qu'ils y reviennent plusieurs fois, longtemps après, qu'ils remanient leur texte et le peaufinent et le cisèlent des dizaines de fois. J'en suis incapable. Ou plutôt, si, mais je sais qu'à l'infini alors je changerai des choses, et que jamais de toute façon je ne serai satisfaite. Comme si à chaque moment correspondait une vérité, et que même dix ans après le mot juste ne sera jamais juste pour toujours.


Alors je décide que c'est fini. Je me dis que, si jamais un éditeur accepte ce roman, je serai de toute façon amenée à le travailler, à tenir compte de son regard, de ses conseils, et que d'autres modifications viendront : je garde mon énergie pour ça, pour écouter les guides qui m'y encourageront, qui m'y obligeront.

Pour l'instant, le roman est fini. Il me reste 4 titres en tête, dont aucun ne s'impose encore. J'en choisis un au hasard, je fais un enregistrement PDF.

Et puis, prise d'un coup de tête, un coup de folie, pour bien marquer le début d'un nouveau processus, pour lancer le roman dans sa vie de roman, je l'envoie à une maison d'édition qui accepte les manuscrits numériques, là, tout de suite, maintenant : le voilà dans l'espace des manuscrits, mis sur orbite, expulsé de son cocon douillet pour se frotter à la dure réalité des textes en attente d'édition !

Mon coeur bat très fort, et une autre aventure commence....

mercredi 8 juin 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 19 : l'accouchement, épisode 2.

Voilà que ça se rapproche. Les choses se précisent : flux et reflux. On va vers l'aboutissement, c'est certain, mais il y a encore pas mal d'efforts à fournir. Et on ne peut plus reculer ! Donc, on avance, on pousse, on respire, on met toute l'énergie qu'on a pour cette dernière ligne droite. Peur, joie, excitation, doute, tout se mélange, mais on n'a pas le temps de faire le tri, on fonce, on met la gomme.

Mes bêta-lecteurs m'ont fait leurs premiers retours, et de toute évidence il y a de petites retouches à apporter. Des manques, ou plutôt des passages qui manquent de précision pour que l'histoire tienne vraiment debout. Peu : vraiment des broutilles, mais cela est forcément difficile de corriger : où ajouter telle chose ? à quel moment, alors que ça n'a pas paru nécessaire au premier jet ? et comment ? Bien choisir les mots pour qu'ils ne soient pas superflus. Les insérer en toute subtilité dans le flot déjà régulier de ce qui a été écrit.



Donc j'essaie de ne pas me précipiter. Mais il faut que je le fasse dans la foulée, tant que je suis encore dans l'état d'esprit du récit, pour que la cohérence soit respectée, que la parole coule. Trouver l'équilibre entre urgence et précipitation. Pour l'impatiente que je suis c'est un challenge ! Vous trouvez que j'en fais trop ? C'est vrai, il ne s'agit que d'ajouter un paragraphe après tout...

Alors je suis mon intuition : je relis, je cherche dans le texte la petite faille où me faufiler, je tape les premiers mots...et je retrouve assez vite le rythme, je me laisse emporter par le flot, je raconte, je suis à nouveau dans l'histoire qui coule, je complète, je couds avec un fil supplémentaire ce morceau qui manquait et qui trouve sa place dans la tapisserie. Voilà. Il y aura peut-être d'autres petits bouts à assembler pour former le patchwork multicolore, des broderies pour rendre plus joli le tableau final, quelques petites touches ça et là. On verra. Ce qui est sûr, c'est que bientôt, tout sera dit.

Merci à Morgane, Fabienne, Bastien. 

dimanche 5 juin 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 18 : l'accouchement ! épisode 1.

Et maintenant commence le plus difficile : l'accouchement ! Et ne me dites pas "oui mais c'est bientôt fini, et après tu oublieras" parce que ce n'est pas vrai. Les femmes qui sont déjà mères seront d'accord avec moi, l'accouchement, ça se fait en plusieurs épisodes et ce n'est pas simple, même si on est prête à recommencer quelques années ou mois après (ou pas !).

Parce que une fois les relectures et corrections faites, ce qui prend un certain temps, il va falloir que le bébé vienne au monde...heu que le livre rencontre un éditeur qui va l'aimer et l'adopter ! Donc, je le peaufine, je le regarde sous toutes les coutures, je choisis le titre qui me fait vibrer parmi ceux qui me sont venus pendant la rédaction, je le fais lire à mes bêta-lecteurs, je refais éventuellement des modifications, et un jour je me dis "là c'est bon, je l'envoie !".

Ok. Mais à qui ? Sachant que je ne suis pas éditée chez Gallimard ni chez Grasset ni un de ces éditeurs qui t'attendent avec ton prochain ouvrage et même éventuellement un à-valoir sur celui qui est en cours. Et que le précédent est encore en attente chez quatre éditeurs petits/moyens, après un an déjà dans le circuit, de lettres de refus, de non-réponses, d' attentes... Et que celui d'avant est chez une éditrice que j'aime beaucoup mais dont je ne sais pas si elle prendrait le risque de m'éditer à nouveau parce que je vends peu...Bref !

Il me va donc falloir être très très patiente : ce n'est pas encore le moment de "pousser" pour expulser l'enfant ! Même quand il sera fin prêt, je vais devoir réexaminer les maisons d'édition potentielles, imprimer, réfléchir, envoyer, joindre une lettre, relancer (ou pas, selon les maisons), attendre, attendre, guetter les mails ou la boîte aux lettres, noter les dates d'envoi, les dates de réponses négatives, renvoyer à mes éditeurs seconds choix, attendre, attendre, espérer....

Voilà. Ce n'est franchement pas le moment que je préfère ! Mais comment recommencer à écrire tant qu'on n'a pas lancé sur orbite le livre précédent ?

mardi 31 mai 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 17 : relecture et corrections.

On pourrait penser 1) que c'est l'étape finale 2) que je suis super contente...
Mais non.
D'abord, même si ça sent la fin, ce n'est pas vraiment fini, parce ce que c'est sans doute le plus difficile : se relire, avec l'impression que non, ce n'est pas si bon que ça, que ça ne va intéresser personne, que c'est limite ennuyeux, et puis il y a plein de défauts, on n'arrivera jamais à tous les corriger, etc. Même si on laisse reposer plusieurs jours avant de relire, on a du mal à prendre du recul, on voit surtout les défauts, mis à part quelques passages où il m'est arrivé de penser : ah ça c'est bien !

Ensuite, je ne suis pas super contente : avoir presque fini, c'est un vide. Puisque j'ai choisi comme image celle de la grossesse, autant continuer dans la foulée ! Le baby-blues, tout le monde connait : on tient son bébé, il est beau et tout et tout, mais on est vide de son poids, de ses mouvements, de sa vie en nous. Alors pour un bouquin vous imaginez ? Rien ne le remplace puisqu'il n'est pas encore publié, il ne le sera peut-être jamais, il n'existe pas vraiment, et il n'y a rien qui ait pris sa place dans ma tête.



Donc, la seule solution actuelle c'est de m'appliquer à le rendre encore plus beau (ça, c'est vrai qu'avec un vrai bébé c'est impossible !), de le fignoler, de changer des mots, de rajouter des phrases : on ne peut absolument pas faire autrement, parce que quand on relit les pages du début, on connait la fin et du coup ça peut demander des ajustements, des précisions, des modifications. Et finalement, même si ça n'est pas facile, c'est une période assez intéressante de la création, un peu comme un sculpteur qui va affiner un trait du visage, ou un maitre-queux qui ajoute un peu de sel ou une épice à sa super préparation.

J'en suis donc là : j'ai imprimé, je relis, et je mets des annotations, je réécris des passages, je modifie des adjectifs, je change des prénoms. C'est un peu comme une deuxième écriture, et finalement ça me plait, parce que ça évite de couper le cordon brutalement, c'est juste un début de séparation. Pour mes précédents romans, j'avais passé beaucoup moins de temps pour cette étape, et là j'ai bien l'intention de ne pas me presser, de suivre mon intuition et de faire ce chemin pas à pas pour que le résultat soit le meilleur possible. Allez, j'y retourne !

jeudi 19 mai 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 16 : exceptionnellement, un extrait du roman !

Et bien oui, aujourd'hui, pas de blabla, juste un extrait du roman, pris sur le vif, puisque c'est le début du chapitre en cours.


"En certaines occasions, on peut difficilement croire que les évènements se produisent par le seul fait du hasard, comme des boules de flipper qui se cogneraient aveuglément contre les obstacles qu’elles rencontrent, puis rebondiraient encore et encore sur des barrières ou se glisseraient entre des passages improbables, sans aucune préméditation, aucun but, juste le résultat d’une conjonction de forces physiques en œuvre dans la main du lanceur et dans le poids de la boule, et sa forme sphérique qui la conditionne à rouler entre les éléments du plateau incliné. Même si nous pensons parfois que nous ne sommes que des billes d’acier bringuebalées dans un monde en furie, il arrive qu’une brève illumination nous saisisse, et que nous devinions alors au-dessus de nous, ou au-dedans, ou dans un ailleurs indéterminé, un plan plus vaste qui nous gouverne, nous et nos trajectoires : alors, soudain, ces évènements qui s’emberlificotaient en un gigantesque magma brouillon et absurde prennent un sens, des synchronicités surgissent et se carambolent, des pièces du puzzle trouvent leur place comme par magie, des correspondances s’établissent entre des fragments qui ne s’étaient jamais rencontrés, des lambeaux s’assemblent pour former la plus magnifique des tapisseries, des chagrins immenses s’ajustent à des larmes dont on croyait qu’elles n’avaient aucune raison de couler."


jeudi 12 mai 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 15 : dernière ligne droite !

Non, je ne vous annonce pas la fin, je vous dis juste que c'est la dernière ligne droite. Ce qui veut dire que le dénouement approche et que je suis un peu tendue, car ce serait dommage de rater ma sortie. La fin d'un roman, c'est...comment dire ? un moment particulier autant pour le lecteur que pour l'auteur... Commençons par le lecteur, c'est le plus facile : il faut que celui-ci soit satisfait mais pas comblé, avec une petite touche de frustration qui lui donnera envie de lire autre chose du même écrivain. Qu'il soit content, que le message l'ait touché et qu'il veuille y revenir.

Bon d'accord. Et pour l'auteur ? Pour moi, donc, en l'occurrence. Finalement, ce n'est pas si éloigné : je dois avoir l'impression d'une conclusion, d'un terme, d'un objectif atteint, mais rien de définitif. Une mort qui laisse entrevoir une autre dimension. Une vie après la vie. Les livres qu'on écrit sont en fait comme des costumes que l'on revêt et que l'on ôte, des peaux dans lesquelles nous nous glissons, l'une après l'autre, un peu comme des incarnations qui se succèdent avant que nous parvenions à... à je ne sais pas quoi, je verrai bien quand j'y serai !



Donc la fin de chaque histoire se présente un peu comme une porte ouverte sur la prochaine, bien que l'on ne sache pas la plupart du temps ce que sera la suivante. Et ça fait peur autant que ça fait plaisir. Il faut donc prendre son temps et bien fignoler, aller au bout, déployer ses ailes aussi grandes que possible pour ne pas avoir de regrets et dévider tous les fils de la pelote. Tout compte fait, écrire la fin d'un roman est sans doute le moment le plus intense de l'aventure, car on sait qu'alors on se jette à l'eau, ou plus exactement on jette à la mer cette bouteille avec nos mots dedans, et qu'ils ne nous appartiennent plus. Ils sont maintenant pour ceux qui les liront, peut-être, et qui les aimeront, ou pas.

C'est donc à ça que je me prépare : ciseler les phrases, ajuster les chapitres, emboîter les évènements pour que l'histoire prenne son sens... Ensuite, le roman ne sera pas terminé pour autant : il y aura un gros boulot de relecture, de vérification, de ratures, de changements, avant que je ne puisse dire, voilà, c'est fini ! Alors la dernière ligne droite va me faire faire encore un bout de chemin avec vous ! 

jeudi 28 avril 2016

Aujourd'hui, un poème...

De façon très irrégulière, j'abandonne blog, roman et autres textes pro pour écrire de la poésie. J'envisage parfois de publier ces textes sous forme de recueil... Alors pourquoi ne pas tester d'abord ici leur impact sur les quelques personnes qui lisent ce blog ? Allez, je vous mets ici le dernier.

La nuit sur nos épaules


La nuit sur nos épaules
Pose ses manteaux tièdes et noirs
Pour nous soustraire à la vie qui tout en bas continue
Loin du ciel
Des hommes meurent et marchent et tombent et coulent
Dans ces barques lancées sur des mers inconnues
Ignorés de ceux qui au chaud ou dans des rues lointaines
Font semblant de croire à un bonheur futile fait de femmes maigres et de voitures puissantes
A des rêves qu’on leur envoie par téléphone
Ils dorment devant des écrans multicolores en rêvant de palmiers et de mer
Cette mer où d’autres se noient
La nuit sur nos épaules
Enroule ses serpents lisses et froids
Et nous berce tendrement comme une mère immense
Et nous n’osons pas pleurer
Nous racontons à nos enfants que la vie est belle
Qu’ils comprendront quand ils seront grands
Mais nous sommes grands et nous n’avons rien compris
Nos chiens nous consolent nos mains se tendent et puis se referment
Nous crevons du manque de tendresse et des billets de banque qui nous étouffent
Mais nos maisons nous aiment
Elles nous protègent sous leurs pierres chaudes
Et dans les canapés les coussins nous enveloppent
La nuit sur nos épaules
Enferme nos gémissements et les porte loin
Vers les étoiles au fond des mers
Avec ceux des hommes et des enfants noyés
Nous pleurons tous ensemble le même désespoir
Et pourtant je crois encore aux contes de fée
L’homme est veule et cruel et violent mais parfois il brille
Parfois il oublie ses blessures et dépose ses armes
Il tend la main à celui qui s’enfonce il sourit il tremble
Ses yeux sont pleins de lumière et de nuit
Cette nuit justement la nuit sur nos épaules
Qui nous console de tout







mardi 19 avril 2016

De la réalité à la fiction, en passant par la culpabilité...

Il y a eu, ces derniers temps, et de tous temps sans doute, de nombreux faits divers autour de certains écrivains qui avaient l'impudeur de mettre dans leur roman des pans entiers de leur vraie vie, si ce n'est de faire un roman avec leur vie entière, d'autres qui se voyaient attaqués par un des protagonistes pour avoir raconté et dévoilé ce qui faisait partie de la sphère intime, etc... Je ne sais absolument pas que penser de ces faits, si c'est bien ou mal, si c'est une erreur de se servir de vrais personnages et de les mettre dans son livre, mais ce qui est certain c'est que, à chaque fois que je le fais (et ça arrive forcément à un moment donné : la matière dont se sert un écrivain pour inventer des histoires, c'est la vraie vie !) je ne peux m'empêcher de me sentir un peu coupable...

Pourquoi coupable ? Et bien je me suis évidemment posé la question : en fait, cette culpabilité n'est pas toujours présente. Elle ne l'est pas quand j'évoque des moments de bonheur, quand je fais référence à des ressentis positifs, à des histoires d'amour, à des coups de colère ou à des coups de coeur : ça ne me gêne nullement de piocher dans mon vécu optimiste, je partage même volontiers ces petites pépites personnelles avec mes futurs lecteurs, que ce soit gai ou tendre ou drôle ou un peu furieux ou emporté, ça me va !



En revanche, j'ai beaucoup de mal avec la tristesse et le chagrin, dès lors que je ne suis plus la seule concernée : pleurer, exposer ses blessures, se servir de ces moments si intimes de douleur et de peine, c'est un peu comme trahir son enfant intérieur, qui s'était abandonné à cet instant en toute innocence, et voilà que moi je vais récupérer avec mes mots ces sensations diffuses et qui font mal, et les étaler là, dans cette histoire inventée qui n'a rien à voir avec la vraie vie, avec la réalité, qui est juste un conte, juste un faux, juste une imitation. Et ça me parait injuste, et pas très louable.

Mais comme je ne veux pas rester là-dessus, j'essaie de me replonger dans les récits d'autres auteurs, des gens que j'admire et qui m'ont fait vibrer : ce serait bien le diable si l'un ou plusieurs d'entre eux ne s'étaient pas servi de leurs propres expériences intimes pour écrire leurs plus belles pages ! Et n'est-ce pas justement cette intensité dans leur texte qui m'a touchée, qui m'a aidée à vivre certains jours difficiles, cette sensation qu'ils parlaient vrai, qu'ils vivaient dans leurs mots, qui m'a émue et remuée ? Je vous laisse répondre à cette question qui n'en est pas vraiment une...




lundi 4 avril 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 14 : la fin avant d'avoir fini.

Voilà, c'est la première fois que ça m'arrive ! J'ai écrit l'épilogue alors que je suis loin d'être à la fin du roman. Même si je sais depuis le début ce qui va arriver au personnage principal - ce qui est rarement le cas dans mes romans - je ne sais toujours pas pourquoi j'ai ressenti ce besoin urgent de rédiger cette partie finale à ce moment-là.

En fait, l'envie m'est venue brusquement après avoir lu un article sur un art/une pratique que je ne connaissais pas (et que je ne nommerai pas pour que vous ayez quand même quelques découvertes à faire si vous lisez mon livre) et il a fallu que j'écrive, comme si le lien entre ce "truc" et mon histoire était évident, une sorte de parabole. Les mots sont venus facilement, j'ai rédigé d'une traite, et j'ai écrit le mot fin.



Sauf que, bien évidemment, je n'ai pas fini : et même, les pages qui restent à écrire sont sans doute les plus difficiles du livre, les plus lourdes, celles qui vont remuer chez moi le plus de choses. Le gros morceau quoi ! Alors peut-être que mon ange gardien a mis cet article sous mes yeux pour m'inspirer une conclusion, afin que je sois maintenant obligée de me coller aux passages les plus compliqués, et pour me faire comprendre que je vais y arriver, et que, puisque la fin est déjà écrite, je n'ai plus qu'à remplir les blancs : comme un jeu dans un atelier d'écriture !

En tout cas, ce qui ressort de cette expérience nouvelle, c'est que l'on ne peut jamais savoir à l'avance comment un roman va se dérouler : au fur et à mesure de l'histoire, des évènements ont lieu, des personnages naissent, des connaissances s'ajoutent, et nous, les auteurs qui croyons tenir le gouvernail, on se laisse embarquer par les changements de cap, les vents qui se lèvent et les vagues qui nous chahutent... Et c'est ça qui est bon, non ?