dimanche 28 février 2016

L'écriture : un art qui utilise un matériau quotidien.

Qu'est-ce qui fait la particularité de l'écriture (littérature, poésie) par rapport aux autres arts ? J'imagine que des gens plus illustres que moi se sont penchés sur la question, mais pour moi elle ne m'était jamais venue sous cette forme. Pourquoi l'écriture (j'emploie ce terme pour plus de facilité mais vous avez bien compris qu'il recouvre des domaines à la fois distincts mais proches) ne peut pas vraiment se comparer à la peinture, à la sculpture, à la musique, à la photo, au cinéma (encore que pour ce dernier exemple elle entre en ligne de compte...) ? Pour ces arts, on utilise des matériaux bien spécifiques, qui n'ont en général aucune fonction utilitaire dans le quotidien de la plupart des gens. La terre qu'on modèle, le tube de peinture, l'instrument dans lequel on souffle ou même les notes tracées par le compositeur font partie d'un domaine à part, ils relèvent déjà de l'univers artistique auquel ils prennent part.

Alors que les mots... Les mots nous baignent depuis notre plus tendre enfance, ils nous servent à demander à manger, à crier notre colère, à appeler notre mère, à engueuler nos copains, à faire la liste de courses, à nommer tout et n'importe quoi, du plus trivial au plus poétique, ils nous font souffrir et nous interdisent, nous encensent et nous interrogent, ils ont mille fonctions et mille usages, et aucune destination à devenir la matière d'un artiste quelconque.



Et pourtant ! Et pourtant, pour certains, pour quelques-uns, pour moi, ils sont magiques : justement parce qu'ils semblent a priori dénués de tout pouvoir de merveilleux, qu'ils sont simplement ces lettres qu'on apprend à assembler et à déchiffrer depuis le CP et même avant, qu'ils passent incognito dans la vie de tous les jours, qu'on les galvaude et qu'on les méprise parfois, qu'on les transforme, qu'on les maltraite, ils possèdent  une puissance particulière, comme Cendrillon qui peut se transformer en princesse d'un coup de baguette magique.

Alors il suffit juste de s'emparer de la baguette magique, et les mots deviennent des merveilles, des trésors de douceur ou de violence, des générateurs d'images inédites, des créateurs de mondes, des accoucheurs d'univers. Ils nous emportent et nous font voyager, ils nous font rire et pleurer, ils consolent et enveloppent... Et surtout, ils appartiennent à tous, et tous peuvent les écrire et les lire, tous peuvent les tenir au bout de leurs stylos ou sur les touches de leur clavier, ou bien entre leurs mains et sous leurs yeux, ils sont un matériau qui est à la portée de chacun : il suffit de les aimer et de jouer avec ! 

mardi 9 février 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 12 : les titres de chapitres.

Donner un titre de chapitre : longtemps je me suis très moyennement intéressée à la question. Et puis je crois que c'est en lisant un livre de John Irving, avec des titres de chapitres à rallonges, que ça a fait tilt ! On se souvient tous (ou pas !) des titres de chapitres du Candide de Voltaire, comme : Comment Candide fut élevé dans un château, et comment il fut chassé d’icelui. Ou encore : Tempête, naufrage, tremblement de terre, et ce qui advint du docteur Pangloss, de Candide et de l’anabaptiste Jacques. 
En fait, il s'agit à chaque fois d'une petite histoire dans l'histoire, juste pour donner envie au lecteur de continuer, lui mettre l'eau à la bouche, et le prévenir succinctement de là où il met les pieds.

L'idée m'a bien plu, et j'ai utilisé le même procédé dans mon roman "La nuit des éventails", en un peu moins explicite pour garder un peu plus de mystère. Parce qu'en fait, à quoi sert un titre de chapitre ? Pourquoi ne pas tout simplement leur octroyer un simple numéro par ordre chronologique, ce qui a le mérite d'être facile et cohérent ? Et bien parce que quand on écrit, on aime écrire, et on écrit tout ce qui peut s'écrire ! Trouver un titre est un exercice que les romanciers et les littéraires adorent, en général. D'ailleurs, les titres sont une source d'inspiration en atelier d'écriture : trouver un titre à un texte donné, rédiger un texte à partir d'un titre donné, mettre en relation un titre et un texte, etc... Donc, trouver des titres de chapitres, et bien ça fait tout simplement partie du processus d'écriture d'un roman.



Du coup, maintenant, je me creuse la tête pour nommer mes chapitres. Dans mon roman en cours, j'ai réutilisé la technique "eau à la bouche" : mais les mots employés y sont encore plus allusifs, moins directs, ils servent juste à donner une direction, à évoquer une idée ou une ambiance. Et de plus, c'est un plaisir intellectuel de chercher à synthétiser un morceau de l'histoire afin de condenser son contenu tout en laissant planer assez de non-dits ! Bref, les titres de chapitres me semblent aujourd'hui indispensables, ils sont parties intégrantes du roman, et je m'y attaque dès que j'ai terminé un chapitre : oui, parce que j'ai évidemment besoin de savoir ce qui s'y passe pour trouver les mots ad hoc...et ça, je ne le sais jamais à l'avance.

Donc, pour illustrer mon propos, voici quelques titres de chapitres déjà rédigés :
1. Les trous noirs de l'enfance
2. La magie d'un prénom et les pièges du théâtre
3. La poésie des parkings et la tristesse d'une île

Voilà, vous n'en saurez pas plus pour l'instant ! Mais vous pouvez faire des commentaires...