jeudi 28 avril 2016

Aujourd'hui, un poème...

De façon très irrégulière, j'abandonne blog, roman et autres textes pro pour écrire de la poésie. J'envisage parfois de publier ces textes sous forme de recueil... Alors pourquoi ne pas tester d'abord ici leur impact sur les quelques personnes qui lisent ce blog ? Allez, je vous mets ici le dernier.

La nuit sur nos épaules


La nuit sur nos épaules
Pose ses manteaux tièdes et noirs
Pour nous soustraire à la vie qui tout en bas continue
Loin du ciel
Des hommes meurent et marchent et tombent et coulent
Dans ces barques lancées sur des mers inconnues
Ignorés de ceux qui au chaud ou dans des rues lointaines
Font semblant de croire à un bonheur futile fait de femmes maigres et de voitures puissantes
A des rêves qu’on leur envoie par téléphone
Ils dorment devant des écrans multicolores en rêvant de palmiers et de mer
Cette mer où d’autres se noient
La nuit sur nos épaules
Enroule ses serpents lisses et froids
Et nous berce tendrement comme une mère immense
Et nous n’osons pas pleurer
Nous racontons à nos enfants que la vie est belle
Qu’ils comprendront quand ils seront grands
Mais nous sommes grands et nous n’avons rien compris
Nos chiens nous consolent nos mains se tendent et puis se referment
Nous crevons du manque de tendresse et des billets de banque qui nous étouffent
Mais nos maisons nous aiment
Elles nous protègent sous leurs pierres chaudes
Et dans les canapés les coussins nous enveloppent
La nuit sur nos épaules
Enferme nos gémissements et les porte loin
Vers les étoiles au fond des mers
Avec ceux des hommes et des enfants noyés
Nous pleurons tous ensemble le même désespoir
Et pourtant je crois encore aux contes de fée
L’homme est veule et cruel et violent mais parfois il brille
Parfois il oublie ses blessures et dépose ses armes
Il tend la main à celui qui s’enfonce il sourit il tremble
Ses yeux sont pleins de lumière et de nuit
Cette nuit justement la nuit sur nos épaules
Qui nous console de tout







mardi 19 avril 2016

De la réalité à la fiction, en passant par la culpabilité...

Il y a eu, ces derniers temps, et de tous temps sans doute, de nombreux faits divers autour de certains écrivains qui avaient l'impudeur de mettre dans leur roman des pans entiers de leur vraie vie, si ce n'est de faire un roman avec leur vie entière, d'autres qui se voyaient attaqués par un des protagonistes pour avoir raconté et dévoilé ce qui faisait partie de la sphère intime, etc... Je ne sais absolument pas que penser de ces faits, si c'est bien ou mal, si c'est une erreur de se servir de vrais personnages et de les mettre dans son livre, mais ce qui est certain c'est que, à chaque fois que je le fais (et ça arrive forcément à un moment donné : la matière dont se sert un écrivain pour inventer des histoires, c'est la vraie vie !) je ne peux m'empêcher de me sentir un peu coupable...

Pourquoi coupable ? Et bien je me suis évidemment posé la question : en fait, cette culpabilité n'est pas toujours présente. Elle ne l'est pas quand j'évoque des moments de bonheur, quand je fais référence à des ressentis positifs, à des histoires d'amour, à des coups de colère ou à des coups de coeur : ça ne me gêne nullement de piocher dans mon vécu optimiste, je partage même volontiers ces petites pépites personnelles avec mes futurs lecteurs, que ce soit gai ou tendre ou drôle ou un peu furieux ou emporté, ça me va !



En revanche, j'ai beaucoup de mal avec la tristesse et le chagrin, dès lors que je ne suis plus la seule concernée : pleurer, exposer ses blessures, se servir de ces moments si intimes de douleur et de peine, c'est un peu comme trahir son enfant intérieur, qui s'était abandonné à cet instant en toute innocence, et voilà que moi je vais récupérer avec mes mots ces sensations diffuses et qui font mal, et les étaler là, dans cette histoire inventée qui n'a rien à voir avec la vraie vie, avec la réalité, qui est juste un conte, juste un faux, juste une imitation. Et ça me parait injuste, et pas très louable.

Mais comme je ne veux pas rester là-dessus, j'essaie de me replonger dans les récits d'autres auteurs, des gens que j'admire et qui m'ont fait vibrer : ce serait bien le diable si l'un ou plusieurs d'entre eux ne s'étaient pas servi de leurs propres expériences intimes pour écrire leurs plus belles pages ! Et n'est-ce pas justement cette intensité dans leur texte qui m'a touchée, qui m'a aidée à vivre certains jours difficiles, cette sensation qu'ils parlaient vrai, qu'ils vivaient dans leurs mots, qui m'a émue et remuée ? Je vous laisse répondre à cette question qui n'en est pas vraiment une...




lundi 4 avril 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 14 : la fin avant d'avoir fini.

Voilà, c'est la première fois que ça m'arrive ! J'ai écrit l'épilogue alors que je suis loin d'être à la fin du roman. Même si je sais depuis le début ce qui va arriver au personnage principal - ce qui est rarement le cas dans mes romans - je ne sais toujours pas pourquoi j'ai ressenti ce besoin urgent de rédiger cette partie finale à ce moment-là.

En fait, l'envie m'est venue brusquement après avoir lu un article sur un art/une pratique que je ne connaissais pas (et que je ne nommerai pas pour que vous ayez quand même quelques découvertes à faire si vous lisez mon livre) et il a fallu que j'écrive, comme si le lien entre ce "truc" et mon histoire était évident, une sorte de parabole. Les mots sont venus facilement, j'ai rédigé d'une traite, et j'ai écrit le mot fin.



Sauf que, bien évidemment, je n'ai pas fini : et même, les pages qui restent à écrire sont sans doute les plus difficiles du livre, les plus lourdes, celles qui vont remuer chez moi le plus de choses. Le gros morceau quoi ! Alors peut-être que mon ange gardien a mis cet article sous mes yeux pour m'inspirer une conclusion, afin que je sois maintenant obligée de me coller aux passages les plus compliqués, et pour me faire comprendre que je vais y arriver, et que, puisque la fin est déjà écrite, je n'ai plus qu'à remplir les blancs : comme un jeu dans un atelier d'écriture !

En tout cas, ce qui ressort de cette expérience nouvelle, c'est que l'on ne peut jamais savoir à l'avance comment un roman va se dérouler : au fur et à mesure de l'histoire, des évènements ont lieu, des personnages naissent, des connaissances s'ajoutent, et nous, les auteurs qui croyons tenir le gouvernail, on se laisse embarquer par les changements de cap, les vents qui se lèvent et les vagues qui nous chahutent... Et c'est ça qui est bon, non ?