samedi 18 juin 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 20 : l'expulsion !

Lu, relu, re-relu. Corrigé. Passages ajoutés. Un chapitre en plus. Des modifications apportées ça et là. Une impression désagréable, un manque de confiance, des doutes. Des passages dont je suis très satisfaite. D'autres qui m'emballent moins. Mais la certitude que c'est fini, il n'y a rien à ajouter, l'imperfection est évidente mais j'ai écrit ce que je devais, ce que je sentais, ce qui était en moi. Y aura-t-il une résonance chez d'autres ? C'est la grande question, celle qui fait peur, celle qui bloque et qui emporte en même temps...

Et du coup, que faire ? Laisser reposer encore, y revenir, corriger à nouveau, plus tard, quand tout sera calmé ? Au risque de perdre de plus en plus confiance... Je sais que certains auteurs fonctionnent de cette façon, qu'ils y reviennent plusieurs fois, longtemps après, qu'ils remanient leur texte et le peaufinent et le cisèlent des dizaines de fois. J'en suis incapable. Ou plutôt, si, mais je sais qu'à l'infini alors je changerai des choses, et que jamais de toute façon je ne serai satisfaite. Comme si à chaque moment correspondait une vérité, et que même dix ans après le mot juste ne sera jamais juste pour toujours.


Alors je décide que c'est fini. Je me dis que, si jamais un éditeur accepte ce roman, je serai de toute façon amenée à le travailler, à tenir compte de son regard, de ses conseils, et que d'autres modifications viendront : je garde mon énergie pour ça, pour écouter les guides qui m'y encourageront, qui m'y obligeront.

Pour l'instant, le roman est fini. Il me reste 4 titres en tête, dont aucun ne s'impose encore. J'en choisis un au hasard, je fais un enregistrement PDF.

Et puis, prise d'un coup de tête, un coup de folie, pour bien marquer le début d'un nouveau processus, pour lancer le roman dans sa vie de roman, je l'envoie à une maison d'édition qui accepte les manuscrits numériques, là, tout de suite, maintenant : le voilà dans l'espace des manuscrits, mis sur orbite, expulsé de son cocon douillet pour se frotter à la dure réalité des textes en attente d'édition !

Mon coeur bat très fort, et une autre aventure commence....

mercredi 8 juin 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 19 : l'accouchement, épisode 2.

Voilà que ça se rapproche. Les choses se précisent : flux et reflux. On va vers l'aboutissement, c'est certain, mais il y a encore pas mal d'efforts à fournir. Et on ne peut plus reculer ! Donc, on avance, on pousse, on respire, on met toute l'énergie qu'on a pour cette dernière ligne droite. Peur, joie, excitation, doute, tout se mélange, mais on n'a pas le temps de faire le tri, on fonce, on met la gomme.

Mes bêta-lecteurs m'ont fait leurs premiers retours, et de toute évidence il y a de petites retouches à apporter. Des manques, ou plutôt des passages qui manquent de précision pour que l'histoire tienne vraiment debout. Peu : vraiment des broutilles, mais cela est forcément difficile de corriger : où ajouter telle chose ? à quel moment, alors que ça n'a pas paru nécessaire au premier jet ? et comment ? Bien choisir les mots pour qu'ils ne soient pas superflus. Les insérer en toute subtilité dans le flot déjà régulier de ce qui a été écrit.



Donc j'essaie de ne pas me précipiter. Mais il faut que je le fasse dans la foulée, tant que je suis encore dans l'état d'esprit du récit, pour que la cohérence soit respectée, que la parole coule. Trouver l'équilibre entre urgence et précipitation. Pour l'impatiente que je suis c'est un challenge ! Vous trouvez que j'en fais trop ? C'est vrai, il ne s'agit que d'ajouter un paragraphe après tout...

Alors je suis mon intuition : je relis, je cherche dans le texte la petite faille où me faufiler, je tape les premiers mots...et je retrouve assez vite le rythme, je me laisse emporter par le flot, je raconte, je suis à nouveau dans l'histoire qui coule, je complète, je couds avec un fil supplémentaire ce morceau qui manquait et qui trouve sa place dans la tapisserie. Voilà. Il y aura peut-être d'autres petits bouts à assembler pour former le patchwork multicolore, des broderies pour rendre plus joli le tableau final, quelques petites touches ça et là. On verra. Ce qui est sûr, c'est que bientôt, tout sera dit.

Merci à Morgane, Fabienne, Bastien. 

dimanche 5 juin 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 18 : l'accouchement ! épisode 1.

Et maintenant commence le plus difficile : l'accouchement ! Et ne me dites pas "oui mais c'est bientôt fini, et après tu oublieras" parce que ce n'est pas vrai. Les femmes qui sont déjà mères seront d'accord avec moi, l'accouchement, ça se fait en plusieurs épisodes et ce n'est pas simple, même si on est prête à recommencer quelques années ou mois après (ou pas !).

Parce que une fois les relectures et corrections faites, ce qui prend un certain temps, il va falloir que le bébé vienne au monde...heu que le livre rencontre un éditeur qui va l'aimer et l'adopter ! Donc, je le peaufine, je le regarde sous toutes les coutures, je choisis le titre qui me fait vibrer parmi ceux qui me sont venus pendant la rédaction, je le fais lire à mes bêta-lecteurs, je refais éventuellement des modifications, et un jour je me dis "là c'est bon, je l'envoie !".

Ok. Mais à qui ? Sachant que je ne suis pas éditée chez Gallimard ni chez Grasset ni un de ces éditeurs qui t'attendent avec ton prochain ouvrage et même éventuellement un à-valoir sur celui qui est en cours. Et que le précédent est encore en attente chez quatre éditeurs petits/moyens, après un an déjà dans le circuit, de lettres de refus, de non-réponses, d' attentes... Et que celui d'avant est chez une éditrice que j'aime beaucoup mais dont je ne sais pas si elle prendrait le risque de m'éditer à nouveau parce que je vends peu...Bref !

Il me va donc falloir être très très patiente : ce n'est pas encore le moment de "pousser" pour expulser l'enfant ! Même quand il sera fin prêt, je vais devoir réexaminer les maisons d'édition potentielles, imprimer, réfléchir, envoyer, joindre une lettre, relancer (ou pas, selon les maisons), attendre, attendre, guetter les mails ou la boîte aux lettres, noter les dates d'envoi, les dates de réponses négatives, renvoyer à mes éditeurs seconds choix, attendre, attendre, espérer....

Voilà. Ce n'est franchement pas le moment que je préfère ! Mais comment recommencer à écrire tant qu'on n'a pas lancé sur orbite le livre précédent ?