mardi 6 septembre 2016

Un extrait de "Nos vies comme des brindilles"

"Les naissances, comme les morts, ont ceci de spécial qu’elles nous mettent en face de notre finitude : remontent alors à la surface, comme de bulles qui crèvent aussitôt apparues, mais qu’on ne peut pourtant ignorer, des interrogations et des incertitudes, des grands pans de tissus noirs derrière lesquels sont cachés des mondes inconnus, des hypothèses et des points de suspension, des mystères originels et des gouffres infinis… Reviennent des lectures et des théories, des phrases et des assertions angoissantes (« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraient »), des frayeurs enfantines qui laissent désemparé et nu, une solitude puissante et tenace qui efface soudain tous les liens et nous jette dans les tourbillons extravagants d’un univers dévasté où ne brille aucune lumière, ne subsiste aucun amour et qui ne va dans aucune direction.


Et puis, sans crier gare, un élan emporte à nouveau l’individu que nous sommes, fleur de pissenlits soufflée aux quatre vents, par quel miracle ? Une hirondelle qui fend le ciel pur en un trait parfait de calligraphe. L’odeur d’un jasmin porté par la brise du soir. La tête touffue d’un chien fidèle qui se cale sous la main. Un reflet de soleil dans une flaque d’eau."

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