De façon très irrégulière, j'abandonne blog, roman et autres textes pro pour écrire de la poésie. J'envisage parfois de publier ces textes sous forme de recueil... Alors pourquoi ne pas tester d'abord ici leur impact sur les quelques personnes qui lisent ce blog ? Allez, je vous mets ici le dernier.
La nuit sur nos épaules
La nuit sur nos épaules
Pose ses manteaux tièdes et noirs
Pour nous soustraire à la vie qui tout en bas
continue
Loin du ciel
Des hommes meurent et marchent et tombent et
coulent
Dans ces barques lancées sur des mers inconnues
Ignorés de ceux qui au chaud ou dans des rues
lointaines
Font semblant de croire à un bonheur futile fait
de femmes maigres et de voitures puissantes
A des rêves qu’on leur envoie par téléphone
Ils dorment devant des écrans multicolores en
rêvant de palmiers et de mer
Cette mer où d’autres se noient
La nuit sur nos épaules
Enroule ses serpents lisses et froids
Et nous berce tendrement comme une mère immense
Et nous n’osons pas pleurer
Nous racontons à nos enfants que la vie est belle
Qu’ils comprendront quand ils seront grands
Mais nous sommes grands et nous n’avons rien
compris
Nos chiens nous consolent nos mains se tendent et
puis se referment
Nous crevons du manque de tendresse et des billets
de banque qui nous étouffent
Mais nos maisons nous aiment
Elles nous protègent sous leurs pierres chaudes
Et dans les canapés les coussins nous enveloppent
La nuit sur nos épaules
Enferme nos gémissements et les porte loin
Vers les étoiles au fond des mers
Avec ceux des hommes et des enfants noyés
Nous pleurons tous ensemble le même désespoir
Et pourtant je crois encore aux contes de fée
L’homme est veule et cruel et violent mais
parfois il brille
Parfois il oublie ses blessures et dépose ses
armes
Il tend la main à celui qui s’enfonce il sourit
il tremble
Ses yeux sont pleins de lumière et de nuit
Cette nuit justement la nuit sur nos épaules
Qui nous console de tout