vendredi 29 janvier 2016

Où trouver son inspiration ? Chez les autres !

On imagine volontiers l'écrivain comme un être solitaire, s'enfermant chez lui pour écrire avec un feu de cheminée, dix litres de thé vert (ou d'absinthe, ou de chocolat chaud) et son chat, un plaid sur les épaules, de la musique douce (ou rock, ou blues, ou des chants grégoriens, ou le SILENCE total), les rideaux à demi tirés sur l'aube qui se lève (ou le crépuscule qui descend). Pendant des jours et des nuits il se ferme au monde et il écrit, animé juste par son inspiration et réchauffé par les flammes qu'il entretient vaguement entre deux paragraphes, et par le breuvage qu'il réchauffe (ou qu'il boit froid).

Mais parfois, ce n'est pas du tout ça la réalité. Moi par exemple, je n'ai pas de chat, j'ai un chien. Je n'ai pas de cheminée, juste un poêle à bois (c'est bien aussi, je vous rassure). Mais surtout, si je reste enfermée avec juste du thé, je vais vite devenir branque, et surtout, mon inspiration va vite se tarir. Parce que je crois, non, je suis sûre, que l'inspiration se nourrit de la vraie vie, donc des autres. Et pas seulement en les regardant bouger, en observant leurs agissements comme on ferait avec un film à la télé, mais en échangeant, en parlant, en papotant même, c'est-à-dire en disant des choses pas spécialement intellectuelles ni même intelligentes, mais juste en discutant à bâtons rompus de choses et d'autres...



Et là, brusquement, au détour de ces conversations sinon insipides, du moins anodines, un truc jaillit : je dis "un truc" volontairement, car ce n'est pas forcément une idée, encore moins un plan, ou un personnage, mais un petit quelque chose qui fait redémarrer l'ensemble, un déclic... C'est ce qui s'est passé pour moi il y a quelques jours, et ce n'était même pas une conversation in the real life, mais un échange de posts sur facebook, et là, paf, un de mes personnages a pris soudain une dimension inattendue, elle (c'est une femme) est soudainement devenue voyante, cela changeait plein de paramètres, tout basculait, l'histoire prenait une tournure différente, juste parce que dans cette discussion facebookienne on avait abordé ce sujet.

Voilà pourquoi les autres sont indispensables et que la création n'est pas nécessairement un travail de loup solitaire, en tout cas pas en permanence : il semble que quelquefois les autres, leur présence, leurs idées, leur chaleur, fournissent le carburant qui relance la machine, qui lui impulse une direction nouvelle. L'inspiration, une sorte de va-et-vient entre le dedans et le dehors, entre moi et les autres, entre le froid et le chaud, entre la nuit et le jour. Dualité. Médaille et revers de la médaille. Pile ou face. Inspirez, expirez ! Mais ça, je crois que je l'ai déjà dit...

samedi 23 janvier 2016

Est-ce qu'on peut apprendre à devenir auteur ?

Vaste question ! Outre que je n'ai sans doute pas la légitimité pour y répondre (n'étant pas moi-même au pinacle des auteurs reconnus et encensés), je sais bien qu'elle fait débat chez nombre de spécialistes, auteurs, formateurs et autres experts en littérature. En fait, elle m'est venu en découvrant avec retard qu'un diplôme de Création Littéraire est maintenant délivré en fac (à Paris VIII), où chacun peut s'inscrire pour bénéficier de ce cursus à condition d'avoir une licence en poche (et peu importe la licence en question).

Je sais, aux USA, il y a longtemps que ce genre de formation universitaire existe, et de nombreux auteurs reconnus y sont passés, en tant qu'étudiants ou que professeurs. Et j'ajoute que, si une telle fac avait existé à l'époque (lointaine) de mes propres études, au lieu de commencé un DEUG de Lettres Modernes (que je n'ai jamais terminé) je me serais sans doute inscrite (bien que j'entende d'ici la réaction de mes parents :"mais ça va te mener où ???").



Toutefois, je reste sceptique. J'ai évidemment fouillé le site concerné, examiné les différentes unités d'enseignement, les intervenants, les auteurs avec qui sont prévues des rencontres, etc. Et je suis toujours sceptique. Bien évidemment, le contenu est très intéressant : ateliers et stages d'écriture, formation théorique, formation professionnalisante avec une approche des réseaux littéraires et des professionnels de l'écrit, de la diffusion, de la distribution, de la publication, séminaires articulant création et réflexion, bref, on dépiaute et observe l'écrit sous toutes ses formes, on s'interroge sur les processus de création, etc... Ce doit être une démarche intellectuelle très satisfaisante et passionnante, d'autant qu'on est aussi censé avoir un projet de création que l'on travaille en même temps et sur lequel on peut mettre en pratique toutes ces belles théories.

Et bien je suis quand même archi-sceptique. J'imagine qu'à l'issue de cette formation, avec un diplôme de Création Littéraire en poche, on a certainement beaucoup moins de naïveté à l'égard du monde de la littérature, on sait quels sont les enjeux et les labyrinthes à parcourir, on sait écrire, oh oui ça sûrement... Mais est-ce qu'on est un AUTEUR ? Est-ce qu'on est un ECRIVAIN ? Sans doute pas plus que le type ou la nana qui a fait les Beaux-Arts, et qui sait bien dessiner, et qui peint de jolis tableaux, mais qui ne va jamais faire jaillir l'étincelle qui transformera son travail en une oeuvre d'art, où il/elle aura mis son âme, et qui parlera à ne serait-ce qu'à une seule autre âme, qui la reconnaitra et l'aimera.
Et moi, c'est juste ça que je veux...

lundi 18 janvier 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 11 : je me raconte des histoires (ou quand l'histoire s'écrit toute seule)...

Voilà, je suis dans la période la plus confortable de la création d'un roman : juste au moment où on a un peu l'impression que l'histoire s'écrit toute seule, que ça coule, que ça roule, que les chemins se présentent devant soi et que l'on bifurque avec curiosité vers l'un ou vers l'autre, sans savoir vraiment où ils nous mènent mais c'est ça qui est bon. Le moment où, en fait, je ME raconte une histoire : je suis à la fois le conteur et l'auditoire, et c'est un moment difficilement descriptible.

Je ne dis pas que c'est facile : attention, piège ! Comme les mots s'enchainent telles des perles sur un collier, on a tendance à être moins vigilant, à céder à la facilité justement, à ne plus ciseler chaque mot, à soigner chaque phrase, et on s'aperçoit parfois que tout un paragraphe est à remanier, ou carrément à supprimer ! Difficile de trouver l'équilibre entre se laisser aller et garder le cap, être le passager et le capitaine du bateau. On tient la barre, et si on se laisse trop happer par la beauté de l'horizon au bout des vagues, par le vent dans la voile comme une caresse, on dévie de sa route - ce qui n'est pas forcément un mal, si on se perd pas complètement.



Mais quelquefois, se perdre est aussi un voyage, et l'on peut y trouver des perles, des îles désertes, des trésors qui n'étaient pas signalés sur la carte : à ce stade du roman, c'est aussi cela qui est fantastique ! On a pris assez d'assurance pour savoir que l'entreprise aboutira un jour ou l'autre, et on peut se laisser cette liberté-là. 

J'en suis exactement là : je sais où je vais, mais je sais aussi que mille chemins peuvent y conduire, je n'ai pas peur de dériver, je maitrise mon bateau, je peux voguer le nez au vent, ajouter des personnages, faire des digressions, créer d'autres mondes, je les ajouterai -ou pas - à mon univers, je rame, je flotte, je suis bercée par cette histoire que je me raconte et qui me surprend... J'avance.


dimanche 10 janvier 2016

Non, écrire n'est pas une souffrance...

Il semble que pour certains il n'y ait de créateurs que torturés. Que la souffrance est la condition sine qua non à la création. Et qu'écrire soit juste mettre des mots sur des maux. Bon. Moi, bizarrement, je ne souffre pas quand j'écris.

Est-ce que c'est grave, docteur ? Est-ce que ça veut dire que je ne suis pas une vraie artiste ? Que ce que je crée, c'est nul ? Je vous rassure quand même, je souffre dans la vraie vie. Enfin je souffre parfois, comme les autres sûrement. Est-ce que c'est ça qui me fait écrire ? Sans aucun doute, il y a eu des moments où l'écriture a été une sorte de thérapie, où elle m'a permis d'expurger des sentiments, de mettre sur la table des angoisses et des peurs. L'écriture m'a aidée, toujours. Mais il y a aussi des tas d'autres moments où je n'ai pas besoin d'aller mal pour m'y mettre !



Et surtout, au moment où j'écris, quand je suis dans le flux des mots et des phrases, dans le flot de l'histoire, quand je me coltine avec mes personnages, que je les suis comme une ombre, qu'on se possède mutuellement, alors là je peux vous dire qu'il n'y a aucune souffrance ! Je ne vous dirai pas non plus qu'il y a une joie sans partage ni que c'est le nirvana : en fait, je crois bien que je suis incapable de vous décrire mon état, non pas parce qu'il est indescriptible, mais parce qu'il peut être complètement différent d'une fois sur l'autre.

Comme dans la vie. In the real life. L'écriture palpite avec la vie, je peux m'envoler avec une phrase qui me porte comme des ailes, je peux presque pleurer quand le désespoir enveloppe soudain l'ambiance du récit, je peux sautiller de phrase en phrase quand tout semble léger et facile. Il n'y a pas de règle. Il y a juste ce livre qui s'écrit, ou qui parfois ne s'écrit pas (et ça, c'est vrai, quelquefois, ça fait souffrir, de NE PAS écrire), et moi qui suis là, avec des émotions diverses, derrière le clavier, et ces émotions vont évoluer, et aller de la joie à la sérénité, de l'inquiétude à la colère, du calme à l'excitation. La vie, quoi. Comme on la vit. Comme on l'écrit.

mardi 5 janvier 2016

Pourquoi lire aide à écrire ?

Lire et écrire ont toujours été pour moi indissociables. Très peu de temps après avoir lu mon premier "roman" (Lili et son basset, dans la Bibliothèque Rose, en CP) je me suis mise à écrire mes premiers contes (Contes d'hiver - ma mère m'avait suggéré "divers" et j'avais écrit "d'hiver" par manque de vocabulaire...). Voyager avec les mots, cela se fait que l'on soit de l'un ou l'autre côté de la barrière, et j'ai toujours eu besoin d'expérimenter les deux.

Mais pourquoi lire aide-t-il à écrire ? Je vais répondre à cette question par une autre question : connaissez-vous un seul romancier qui n'aime pas passionnément lire ? Il en existe peut-être, mais il n'empêche que dans toutes les interviews d'auteur revient la sempiternelle question, à savoir "quels auteurs vous ont marqué, vous ont influencé, vous ont guidé, etc ?". Cela veut bien dire que, pour écrire, on a tous puisé une énergie, ou qu'on l'appelle comme on veut, dans nos lectures et dans ceux qui ont écrit des livres.



Pour les imiter ? Je ne crois pas. Personnellement, je sais que je ne peux pas me mesurer à ceux que j'admire le plus (et que je ne citerai pas, il y en a trop) mais que je peux en revanche créer des mondes aussi avec mes mots, entrainer des lecteurs (même peu) dans mon univers, faire partager des émotions, voyager et faire voyager au long des pages, inventer, créer, façonner, imaginer...

Lire, c'est se nourrir d'un carburant nécessaire pour déclencher nos propres ardeurs, catalyser notre créativité, se réchauffer aux mots des autres pour pouvoir sculpter les nôtres, c'est entrevoir des espaces vers lesquels s'échapper et ensuite les circonscrire, c'est faire provision d'oxygène et pouvoir ensuite nager au fond de nos propres eaux troubles...

Comment envisager de ne pas puiser dans cette manne inépuisable que sont les livres quand on utilise la même matière pour écrire ? Absorber les mots, les malaxer, les flairer, les aspirer, les respirer, comment faire autrement si l'on veut ensuite pouvoir en faire des phrases, des colliers, des histoires, des récits, des planètes, des romans ?

Moi, je ne sais pas faire autrement. Lire et écrire sont pour moi à jamais intimement liés, comme les deux faces d'une même médaille.