lundi 18 janvier 2016

Journal d'une grossesse littéraire, chapitre 11 : je me raconte des histoires (ou quand l'histoire s'écrit toute seule)...

Voilà, je suis dans la période la plus confortable de la création d'un roman : juste au moment où on a un peu l'impression que l'histoire s'écrit toute seule, que ça coule, que ça roule, que les chemins se présentent devant soi et que l'on bifurque avec curiosité vers l'un ou vers l'autre, sans savoir vraiment où ils nous mènent mais c'est ça qui est bon. Le moment où, en fait, je ME raconte une histoire : je suis à la fois le conteur et l'auditoire, et c'est un moment difficilement descriptible.

Je ne dis pas que c'est facile : attention, piège ! Comme les mots s'enchainent telles des perles sur un collier, on a tendance à être moins vigilant, à céder à la facilité justement, à ne plus ciseler chaque mot, à soigner chaque phrase, et on s'aperçoit parfois que tout un paragraphe est à remanier, ou carrément à supprimer ! Difficile de trouver l'équilibre entre se laisser aller et garder le cap, être le passager et le capitaine du bateau. On tient la barre, et si on se laisse trop happer par la beauté de l'horizon au bout des vagues, par le vent dans la voile comme une caresse, on dévie de sa route - ce qui n'est pas forcément un mal, si on se perd pas complètement.



Mais quelquefois, se perdre est aussi un voyage, et l'on peut y trouver des perles, des îles désertes, des trésors qui n'étaient pas signalés sur la carte : à ce stade du roman, c'est aussi cela qui est fantastique ! On a pris assez d'assurance pour savoir que l'entreprise aboutira un jour ou l'autre, et on peut se laisser cette liberté-là. 

J'en suis exactement là : je sais où je vais, mais je sais aussi que mille chemins peuvent y conduire, je n'ai pas peur de dériver, je maitrise mon bateau, je peux voguer le nez au vent, ajouter des personnages, faire des digressions, créer d'autres mondes, je les ajouterai -ou pas - à mon univers, je rame, je flotte, je suis bercée par cette histoire que je me raconte et qui me surprend... J'avance.


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