mercredi 4 novembre 2015

Inspiration...Expiration...Respiration...

Je n'avais encore jamais réalisé que l'inspiration, celle que l'on attend parfois des jours et des semaines, celle que l'on cherche sans la trouver, celle qui arrive sans prévenir, celle qui précède invariablement chaque chapitre ou chaque ligne de ce que l'on écrit, celle qui jaillit ou se tarit inexplicablement, cette inspiration-là, avait comme envers de la médaille l'expiration, étymologiquement parlant. Inspire, expire. Quel rapport ? Pourquoi utiliser le même mot pour un geste instinctif qui conditionne la vie dès notre venue sur terre, une activité réflexe que l'on répètera des millions de fois au cours de notre existence, qui apporte à chaque fois l'oxygène indispensable à notre survie, en alternance avec l'expiration qui débarrasse notre corps du gaz carbonique mortifère, le même mot donc que celui qui désigne un "mouvement intérieur, une impulsion, un souffle créateur" (cf.Larousse) ?
A priori, le rapport semble lointain et un peu tiré par les cheveux. A part cette proximité évoquée par le "souffle créateur", on ne voit pas bien ce qui relie ces deux univers, le système respiratoire et la création, littéraire ou autre. Sauf que... A y bien réfléchir, que fait l'auteur d'autre qu'aller chercher son oxygène ? Prendre une bonne goulée d'air frais pour happer la vie ? Aspirer la nécessaire substance qui le rendra vivant ? Et quand il n'y parvient pas, ne ressemble-t-il pas à un poisson échoué hors de son bocal, battant désespérément des nageoires et les ouïes palpitantes, au bord de l'asphyxie ? Bon, d'accord... Mais l'expiration ? Elle est où ? Elle vient quand ? Y en a-t-il une ? Je ferais bien l'hypothèse que cette expiration, ce rejet d'air vers l'extérieur, aussi vital que ce qui la précède, se passe au moment où crayon court sur la page blanche (ou les doigts sur le clavier), où ce qui remplit le cerveau et le coeur se déverse sur le papier, où la rivière de mots s'écoule, quelquefois puissante, quelquefois ténue et capricieuse, emportant le beau, et le moins beau, dans ses galops liquides...

Inspire...Expire...Respire ! Et si c'était le secret, si c'était la raison pour laquelle l'écriture est ma respiration ?

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