jeudi 19 novembre 2015

Pourquoi j'anime des ateliers d'écriture...

Si vous m'aviez posé la question hier, j'aurais trouvé des tas de réponses, mais elles auraient sûrement été différentes de celle que je vais vous faire aujourd'hui. Animer un atelier d'écriture avec des adultes, c'est ce que je fais une fois par mois. C'était la troisième séance aujourd'hui. Les objectifs sont purement ludiques, sans prétention, je n'ai pas le talent pour former des écrivains, juste la passion pour l'écriture et l'envie de la faire partager. A chaque séance, je propose des prétextes pour produire des textes, des déclencheurs divers et variés, des contraintes censées faciliter la création. Certains fonctionnent très bien, d'autres moins, mais les participants sont en général très réactifs et intéressés, ils jouent le jeu, et je suis souvent heureusement surprise de la qualité des textes écrits.

Aujourd'hui, l'ambiance était particulière, et les résultats plus riches et plus intenses que d'habitude. Pourtant, il y avait trois nouvelles personnes, qui n'avaient jamais pratiqué ce genre d'expérience, et plusieurs absents, dont des "meneurs"... Et pourtant... On a démarré doucement, avec un travail à partir d'un incipit plutôt tristounet, qui a provoqué des écrits inattendus, et plutôt joyeux, comme si tout le monde voulait aller contre la tristesse ambiante. Pour essayer de répondre à cette demande de légèreté, j'ai lancé une tournée de "cadavres exquis", qui ont obtenu l'effet escompté : des rires devant les récits absurdes, des jeux de mots et des plaisanteries, une complicité qui s'installe peu à peu.

Et puis j'ai lu quelques haïkus : quelques-uns découvraient cette forme de poésie, cet éclat de vie ramassé en trois vers, la fulgurance d'une image. La consigne suivante fut, bien évidemment, d'écrire un haïku (5-7-5) en y mettant obligatoirement le mot "larme". La concentration est revenue, chacun a semblé chercher au fond de lui-même l'émotion et les mots pour la retranscrire, et les stylos ont couru sur les feuilles. A la lecture, tous se montraient attentifs et à l'écoute, et tous avaient réussi à exprimer en 3 vers un concentré de ressentis, un éclair de poésie, un morceau de lumière. Tous, avec le mot "larme" qui brillait au milieu, larmes parfois étincelantes et parfois glauques, larme solitaire ou partagée, mais toujours dites avec justesse.

J'anime des ateliers d'écriture pour de temps en temps mettre en oeuvre cette magie-là.



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